Les fiches de lecture à l’honneur #2

21 décembre 2015Anna Marmiesse
Une nouvelle moisson d’extraits de fiches de lecture pour les fêtes de fin d’année ! Afin de mettre en avant notre principal outil de travail, nous avons demandé à nos membres de nous adresser anonymement des extraits de leurs fiches de lecture réalisés pour différentes sociétés ou institutions, et consacrées aux scénarios de films sortis en salles fin 2015. En voici donc un florilège. Vous pouvez vous amusez à deviner de quel film il s’agit, le titre n’apparaissant qu’après !

 

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« Ce qui m’a le plus frappée dans la structure du film c’est la façon de traiter la durée et le passage du temps. Il y a non seulement une intensité du moment présent qui parcourt chaque scène, parfaitement rythmée, mais aussi une très grande fluidité qui fait qu’on passe facilement d’un lieu ou d’une action à une autre. Je pense par exemple à la séquence à Copenhague où chaque scène (…) se fond l’une dans l’autre, probablement grâce à un excellent dosage en termes de tension et d’atmosphère. De la même façon, les brusques bonds en avant de cinq ans, trois ans, puis quatre ans font repartir le récit dans de nouvelles directions auxquelles on ne s’attend pas mais la transition est étonnamment gracieuse à chaque fois. Avec quelques expressions, quelques images clés, les scénaristes ont une vraie capacité à nous faire ressentir ce qui a pu se produire dans l’intervalle. »

« Cette quête acharnée et désespérée d’un père qui s’isole du reste du monde et ne parvient pas à passer à autre chose est émouvante. Vers la moitié du script, un changement important vient redonner un nouveau souffle au récit : le point de vue s’élargit et le scénario nous donne à voir le chaos du monde, parle de politique et de religion – mais toujours du point de vue de Kid, auquel nous adhérons. »

De quel film s’agit-il ?
LES COWBOYS, écrit par Thomas Bidegain & Noé Debré
Sortie le 25 novembre 2015 (Pathé Distribution).

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« Le scénario se conforme à une structure en trois actes dont les pivots marquent aussi des ruptures de ton, et presque de genre. »

« Alors qu’il démarre comme une comédie romantique entre quadragénaires, le scénario se change en cours de route en comédie féroce sur les liens tordus entre une mère et son fils. »

« Les personnages ont tous énormément de répartie et d’esprit, jouent sur les mots de manière très amusante. C’est le premier plaisir de ce scénario que d’assister à ce ping pong verbal très malin qui révèle les personnages. (…) Les dialogues donnent au scénario son rythme (rapide) et sa légèreté, et permettent d’atténuer le côté cliché de certains « passages obligés » de comédie. »

De quel film s’agit-il ?
LOLO, écrit par Julie Delpy
Sortie le 28 octobre 2015 (Mars Films).

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« Un scénario qui parvient à adapter le thriller politique à un climat « français » (dialogues, théorisation, milieux intellectuels…) sans le ternir. Il y a un vrai suspense qui se déroule de manière efficace et qui repose sur des ressorts narratifs stimulants sans pour autant nécessiter de grandes scènes de fusillades ou de courses-poursuites. Le traitement du thriller est « lo-fi » ce qui donne un réel charme au projet. »

« L’auteur a également le sens de la punchline et plus globalement, de la scène. (…) Autre facteur dynamique au sein des scènes : l’art de poser des questions. Un dialogue apparemment expositionnel (…) sera par exemple l’occasion d’évoquer, sans la dévoiler, une backstory appelée à être développée plus tard. »

De quel film s’agit-il ?
LE GRAND JEU, écrit par Nicolas Pariser
Sortie le 16 décembre 2015 (Bac Films).

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« Le film multiplie les modes de narration, jonglant habilement entre images d’archives du navigateur, flash-back, voix off, images vidéos de l’équipée [du protagoniste], qui se filme lui même avec une caméra, et enfin, divers récits lus par [lui], qui nous permettent de quitter un instant le point de vue du protagoniste pour adopter celui d’autres personnages. »

« À la fois quête personnelle, film à suspense et épopée caustique, le scénario adopte un ton doux-amer réussi, mélancolique et décalé, mêlant l’absurde au loufoque, en passant par le burlesque. L’humour quasiment omniprésent rend par effet de contraste d’autant plus bouleversantes les images fugaces et sobres donnant à éprouver la terrible solitude du personnage. »

De quel film s’agit-il ?
LA VIE TRÈS PRIVÉE DE M. SIM, écrit par Michel Leclerc et Baya Kasmi
Sortie le 16 décembre 2015 (Mars Films).

LA VIE TRES PRIVEE DE MONSIEUR SIM[/white_box]
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« Conformément au schéma classique des histoires d’infiltration (…), [le protagoniste] subit une série d’épreuves qui s’apparentent aux étapes d’une initiation. Chacune de ces épreuves rapproche un peu plus le héros du danger –le risque ultime étant d’être découvert. Comme il se doit, [il] parvient à intégrer le « c?ur de la caverne » (…). L’intérêt étant que cette réussite soit aussi un pas de plus vers une catastrophe possible : plus on se rapproche de la flamme, plus il fait chaud. Cet progression de la tension est plutôt réussie. »

De quel film s’agit-il ?
LES ANARCHISTES, écrit par Elie Wajeman et Gaëlle Macé
Sortie le 11 novembre 2015 (Mars Films).

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« Le spectateur du film doit oublier au préalable ses habitudes d’amateur de fiction, c’est-à-dire sa croyance à une logique indiscutable de causes et d’effets, qui régirait le monde. Car Zulawski est ici très fidèle au roman de Gombrowicz, lequel raconte justement comment une quête forcenée de la logique conduit immanquablement à la folie. Mais ce résumé est encore trop simple, trop psychologique, pour une histoire qui est totalement dénuée de psychologie. »

« Le dialogue est, souvent, volontairement, dépourvu de sens, de signification évidente. Le langage semble vouloir échapper à sa destination utilitaire (transmettre un message). Il est tantôt ornement baroque, tantôt régression infantile, parfois les deux. (…) Parfois encore le langage est babil logorrhéique un peu confus (…). Bref, des états du langage dont on a davantage l’habitude au théâtre, beaucoup plus expérimental en la matière que le cinéma, lequel s’en tient généralement à un réalisme relatif, et surtout dirigé vers l’action. On est donc quelque peu déstabilisé, même si ce traitement du dialogue n’est pas exempt de comique. »

De quel film s’agit-il ?
COSMOS, écrit par Andrzej Zulawski
Sortie le 9 décembre 2015 (Alfama Films).

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