Les fiches de lecture à l’honneur #3

9 mai 2016Anna Marmiesse

Les fiches de lecture sont de retour ! Voici un florilège d’extraits de fiches réalisées par nos membres sur des scénarios de films sortis dans les 6 derniers mois. Une manière de mettre en avant la qualité et l’intérêt de notre travail de lecteurs.

Vous pouvez vous amusez à deviner de quel film il s’agit, le titre n’apparaissant qu’après !

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« On sent bien que ce script repose sur une observation attentive et fine des mœurs et comportements des adolescents d’aujourd’hui. Le collège constitue une mini-société que l’auteur regarde en tant que telle, s’intéresse à toutes les variations de la sociabilité adolescente dont il arrive à tirer des choses qui semblent très vraies, très réelles. Tout en restant sur le ton de la comédie, il parvient bien à montrer la grande part de cruauté qui existe dans les rapports sociaux entre adolescents. »

« Le scénario me semble très bien dépeindre la manière dont une amitié peut se créer en raison de circonstances particulières, et peut se nourrir et changer avec le temps (les blagues lourdes du roux agacent au départ Benoît puis finissent par le faire rire et l’attacher à son ami). Comme de nombreux films sur l’adolescence (Les Beaux gosses, Le Péril jeune), ce film est avant tout une histoire d’amitié et de bande de copains (on notera cependant que contrairement aux deux films pré-cités, les filles peuvent ici tout à fait faire partie de la bande de copains en question, ce qui est agréable). »

De quel film s’agit-il ?
LE NOUVEAU, écrit par Rudi Rosenberg.
Sorti le 23 décembre 2015.

le_nouveau_ok

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« [Le scénario] comprend (…) de vraies situations dramatiques, et plusieurs scènes dignes de ce nom. Ainsi, la première confrontation de Jozef avec Claudine est très bien écrite : il y a là une situation conflictuelle simple (une porte, Jozef qui veut entrer, Claudine qui refuse), une fausse piste (une visite sentimentale et nostalgique ?), une révélation (ils ont eu un fils), de la tension (le fils est là, à quelques mètres), et un « implant » pour la suite (Jozef va forcément revenir). On peut ranger dans la même catégorie la scène où Rose remet la lettre à Roman, devant l’arrêt de bus – scène d’ailleurs répétée plus loin, dans la cour du lycée. Dans les deux cas, Rose a quelque chose qui peut intéresser Roman, et peut espérer quelque chose en échange. C’est aussi simple que ça, la tension… »

« L’auteure a choisi un traitement très quotidien, réaliste. Une sorte de mélange de teen movie « trash » et de réalisme social (avec notamment les familles d’immigrés, la délinquance juvénile…). On ne sait pas trop de quoi il s’agit au début, quel va être le sujet : le récit met du temps à livrer sa substance. (…) Ce scénario se montre très précis concernant les déplacement des personnages, leurs gestes, leurs expressions. Il donne à voir la manière dont les personnages bougent et se comportent, notamment Rose. »

De quel film s’agit-il ?
CRACHE-COEUR, écrit par Julia Kowalski.
Sorti le 17 février 2016.

Crache coeur

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« Le scénario ne se contente pas de traiter le cirque seulement dans ce qu’il a de pittoresque et de bizarre, même si le début fait un peu penser à cela avec le défilé des freaks (nain, géant, femme obèse, “nègre”) du cirque Delveaux. Ce « biopic » s’attarde aussi sur les conditions de travail et de vie des artistes de cirque, la violence de leurs traitements pour certains, la misère pour tous. Il se penche également longuement sur les numéros de cirque à proprement parler, donnant à voir concrètement l’art pour lequel vivent les personnages. La pratique artistique et son évolution ne sont pas accessoires, elles sont au centre du récit. »

« C”est aussi une histoire d’amitié, celle qu’il entretiendra de longues années avec Georges Footit, avant de la briser puis de la retrouver in extremis. Le début du scénario fait presque penser que Footit sera le personnage principal puisque c’est lui que l’on voit en proie avec le gérant du cirque, lui que l’on voit « galérer » (…). Il est la force motrice du début de l’intrigue, ce qui ne manque pas d’induire quelque peu en erreur le lecteur/spectateur – on y voit Chocolat passif, distant, et celui-ci ne devient vraiment le héros de l’histoire qu’à leur arrivée sur Paris. »

De quel film s’agit-il ?
CHOCOLAT, écrit par Cyril Gely.
Sorti le 3 février 2016.

Chocolat

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« Par moments, le film exhale une mélancolie tenace. Comme si l’absence d’action permettait au cafard et à l’échec de s’étendre, lentement mais sûrement comme un brouillard maléfique, comme une maladie capable d’engloutir le monde entier… (…) Les thèmes du film sont d’ailleurs universels : que faire de sa vie, peut-on vivre sa passion, comment peut-on se marier, le travail est-il une défaite, jusqu’à quand est-on jeune, à quel âge un rêve de jeunesse devient-il pathétique… Il y a donc là une vraie matière (…), et les deux personnages « existent » à leur façon, avec une démarche incertaine alourdie par le poids de l’inertie. »

« L’humour du film est assez rafraîchissant car on le sent très libre, très généreux. Il y a de l’humour verbal, avec des vannes de caillera, mais aussi des références plus précises, rares dans le cinéma français et qui font plaisir à entendre (quel autre film ose citer le pétage de plombs de Christian Bale sur le tournage de Terminator: Renaissance ?). On sent qu’on est en compagnie de vrais potes qui se connaissent et savent se faire rire entre eux, sans forcément chercher le plus petit dénominateur commun humoristique. Le projet prend également plaisir à multiplier les illustrations comiques, les flash-backs illustratifs pour souligner une vanne, etc. Cela donne au récit un aspect visuel touffu où on ne sait pas où donner de la tête. »

De quel film s’agit-il ?
COMMENT C’EST LOIN, écrit par Orelsan.
Sorti le 9 décembre 2015.

Comment c'est loin

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« Ce scénario a le mérite de la simplicité et de la clarté : il va droit au but, ne déploie pas de dispositif trop complexe. Il se concentre sur un lieu et une journée, se déroule quasiment en temps réel. Ce choix de l’unité de temps et de lieu lui donne un côté presque théâtral, avec très peu de décors différents et un nombre de personnages limité. Il s’agit d’un huis clos qui orchestre de manière habile une confrontation intime dans un lieu fermé, qui devient de plus en plus oppressant à mesure que se dévoilent les personnages. La mécanique du récit est efficace et même si elle dégage une certaine artificialité (liée là encore au côté théâtral), cela ne l’empêche pas de rester cohérente de bout en bout. »

« On peut penser, malgré le rôle central que la mise en page du scénario (conformément au canon) donne au dialogue, que celui-ci est très souvent secondaire, de l’ordre du bruit de fond, alors que la réalisation nous fait épouser le point de vue de Cédric, déplaçant ainsi le point de focalisation. Le procédé (si telle est bien l’intention) créera une étrangeté, puis un sentiment de danger, qui peuvent rappeler ce que faisait Lucrecia Martel dans La Cienaga. Ce parti pris de réalisation sera probablement efficace, du moins pour un temps. Il permet sans aucun doute d’hameçonner le spectateur, en créant d’emblée une atmosphère d’expectative anxieuse, voire de danger imminent. Mais au bout d’un moment (en gros quand l’orage éclate, après la fascination érotique de Cédric pour Cyrielle) le film change de système, sans doute par peur de l’asphyxie. »

De quel film s’agit-il ?
PRÉJUDICE, écrit par Antoine Cuypers.
Sorti le 3 février 2016.

préjudice

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« Pour aborder la personnalité hors norme de Louis-Ferdinand Céline, le scénario nous appelle à nous identifier au personnage de Milton, l’étranger admiratif qui vient passer quelques jours en compagnie de l’écrivain. C’est une bonne porte d’entrée, car comme Milton beaucoup de spectateurs éprouveront une sorte de fascination-répulsion pour Céline. Milton est un personnage intéressant car très contradictoire : il met parfois de côté son identité juive pour laisser parler son admiration pour Céline, mais ce conflit interne remonte régulièrement à la surface. L’ambiguïté est maintenu longtemps jusqu’à la rupture finale, justifiée et tout à fait compréhensible. »

« L’intérêt est d’abord soutenu par le caractère imprévisible et hargneux du personnage de Céline, et surtout par le personnage de Lucette, sa femme. (…) Danseuse, adepte du naturisme, d’une patience d’ange, elle exerce une mystérieuse autorité sur l’écrivain, et reste le personnage le plus étonnant et le plus attachant de cette histoire dont le héros nous importe finalement si peu. »

De quel film s’agit-il ?
LOUIS-FERDINAND CÉLINE, écrit par Emmanuel Bourdieu et Marcia Romano.
Sorti le 9 mars 2016.

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