Les fiches de lecture à l’honneur #6 Spécial comédies

17 janvier 2017Ludovic

Lecteurs Anonymes vous présentent un nouveau florilège d’extraits de fiches de lecture. Pour cette spéciale comédies (françaises), nous nous penchons sur les six films de la compétition officielle du festival de l’Alpe d’Huez 2017, des projets qui ont été lus et analysés par les membres de Lecteurs Anonymes.

L’embarras du choix, L’ascension, Sous le même toit, Babyphone, Bienvenue au Gondwana, Si j’étais un homme..

Quels sont les points forts de ces six scénarios?
La réponse ici…

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L’EMBARRAS DU CHOIX
Scénario de Laure Hennequart et Laurent Turner

SYNOPSIS :

Frites ou salade ? Amis ou amants ? Droite ou gauche ? La vie est jalonnée de petites et grandes décisions à prendre. LE problème de Juliette c’est qu’elle est totalement incapable de se décider sur quoi que ce soit. Alors, même à 40 ans, elle demande encore à son père et à ses deux meilleures amies de tout choisir pour elle. Lorsque sa vie amoureuse croise la route de Paul puis d’Etienne, aussi charmants et différents l’un que l’autre, forcément, le cœur de Juliette balance. Pour la première fois, personne ne pourra décider à sa place…

L’AVIS DES LECTEURS

Ce scénario bénéficie d’un concept particulièrement attractif car il pousse la caractérisation de l’héroïne à l’extrême et la développe autour d’une histoire pertinente qui réactualise le sujet des trios amoureux. Les thématiques sont à la fois intemporelles (l’amour, le couple) et très actuelles (la peur de l’engagement, la peur de faire le mauvais choix). De plus, le sujet est bon en soi pas seulement parce que chacun peut se reconnaître dans cette difficulté à choisir, mais aussi parce que la faculté de décider d’un protagoniste est ce qui fait avancer un scénario. Il sera donc amusant de voir comment une pathologie du choix peut affecter un destin.

L’intrigue prend forme pleinement au milieu du film, quand Juliette doit choisir entre deux prétendants. Ce dilemme donne lieu à de très belles scènes, dont une demande en mariage simultanée et un essayage de robe dans une boutique de mariage où les deux prétendants se retrouvent dans le même espace, avec Juliette qui se réfugie dans une cabine et doit déguiser sa voix de façon ridicule et certainement très drôle.

Les personnages sont bien trouvés : ils montrent à la fois une facette comique et une facette émouvante. La caractérisation de Juliette est très bien exprimée dans le début du scénario. Etienne est également bien caractérisé en homme autoritaire décidant pour tout le monde. Le personnage de Philippe porte aussi un comique intéressant : son côté dilettante fait rire et l’idée de l’accompagner d’un chat qu’il cherche à dresser est attachante et drôle. Parfois, une facette plus profonde et humaine se dégage des personnages et parvient à toucher le spectateur.

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L’ASCENSION
Scénario de Ludovic Bernard

SYNOPSIS :

« Pour toi, je pourrais gravir l’Everest !» Samy aurait mieux fait de se taire ce jour-là… D’autant que Nadia ne croit pas beaucoup à ses belles paroles. Et pourtant… Par amour pour elle, Samy quitte sa cité HLM et part gravir les mythiques 8848 mètres qui font de l’Everest le Toit du monde. Un départ qui fait vibrer ses copains, puis tout le 9-3 et c’est bientôt la France entière qui suit avec émotion les exploits de ce jeune mec ordinaire mais amoureux. A la clé, un message d’espoir : à chacun d’inventer son avenir, puisque tout est possible.

L’AVIS DES LECTEURS

Le concept de L’Ascension est à la fois original et efficace : il promet de renouveler un schéma narratif classique (où le héros se retrouve à viser un objectif inconcevable pour lui afin de séduire une fille) avec des situations inédites (ici, l’association de deux univers complètement différents, c’est-à-dire la banlieue et l’Himalaya). Ce concept a beaucoup de potentiel, tant sur le comique (lié à la confrontation des extrêmes) que sur l’émotion: les thématiques, à la fois universelles (on parle d’amour, de reconnaissance, de quête initiatique), et particulières à la société française (avec ce portrait des banlieues), font marcher à fond l’identification, et rendent le film attractif.

Le scénario adopte tous les codes du parcours initiatique. Le héros, un bon à rien, se pose un objectif impossible, gravir l’Everest, afin de séduire la princesse. Il traverse un certain nombre d’épreuves physiques et mentales, accompagné de son allié/mentor Johnny, qui l’amènent à dépasser sa condition initiale. Le scénario respecte ainsi un schéma narratif classique très efficace. Le récit parvient à rendre les personnages émouvants en développant fortement leur côté humain. On est ainsi touché par la fierté, la bienveillance et l’inquiétude des parents de Samy, qui expriment tout un panel d’émotions sans jamais tomber dans le sentimentalisme.

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souslememetoit

SOUS LE MÊME TOIT
Scénario de Dominique Farrugia et Laurent Turner

SYNOPSIS :

Delphine et Yvan divorcent. Alors que sa situation financière ne lui permet pas de retrouver un domicile, Yvan se rappelle qu’il détient 20% de la maison de son ex-femme. Il revient alors vivre chez Delphine, dans ses 20%. Les deux ex vont alors découvrir les joies de la colocation forcée…

L’AVIS DES LECTEURS

Dans la lignée de La Guerre des Rose de Danny DeVito ou de Papa ou Maman de Martin Bourboulon,voici une comédie high concept tout public, où un couple de divorcés doit vivre sous le même toit pour des raisons financières (l’époux est sans argent). Cette idée de cohabitation forcée est amusante, plutôt originale, et repose sur une thématique contemporaine (la crise). On a là un concept très attrayant et pertinent, d’autant que les auteurs suivent le couple de quadras qui se déchirent, mais avec parfois le regard ironique et désabusé de leurs deux enfants. Ainsi, on quitte la comédie de couple pour aller vers une comédie plus familiale, et ainsi toucher un large public. Il est question de couple, de rupture, et d’amour.

Les personnages parviennent à montrer un visage humain intéressant. Les personnages réussissent ainsi à émouvoir en faisant appel à des sentiments universels comme l’amour, l’amitié et le sens de la famille : on pense à cette scène où Delphine et Yvan racontent leur rencontre à leurs enfants. Les personnages parviennent alors à dévoiler une vraie profondeur.

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babyphone

BABYPHONE
Scénario de Audrey Schecroun, Olivier Casas et Serge Lamadie

SYNOPSIS :

Ben est marié Charlotte, avec qui il vient d’avoir une petite fille. Jeune compositeur en mal de reconnaissance, il décide de demander à leur ami d’enfance, manager d’une chanteuse très connue, de devenir le parrain de leur fille, dans l’espoir de dynamiser sa carrière. Pour le convaincre de venir chez eux, lors d’un dîner de famille, et réunir le quatuor d’amis qu’ils formaient à l’époque, il fait croire que son père est sur le point de mourir… De quiproquos en malentendus, la soirée se transforme vite en cauchemar pour Ben. Jusqu’au point de non-retour, quand le futur parrain et l’autre vieux pote se rendent dans la chambre du bébé et entament une série de mauvaises blagues….Ce qu’ils ne savent pas, c’est que le baby phone est branché dans le salon et que tout le monde profite de leur conversation !…

L’AVIS DES LECTEURS

La structure du scénario est celle d’un huis clos dans lequel des personnages qui se détestent sont forcés de passer une soirée ensemble. Chacun est retenu dans la situation gênante pour de mauvaises raisons liées à leurs faiblesses de caractère: l’intérêt personnel, l’égoïsme, la vengeance, la méchanceté. Le tout forme une satire cynique sur l’amitié et la vie de famille. Il y a dans cette écriture une vraie qualité dans la maîtrise des procédés de la comédie théâtrale en huis clos. Les auteurs ont réussi à créer des caractères suffisamment affirmés, opposés, et motivés à rester ensemble dans l’appartement, pour qu’un effet cocotte-minute se mette en route. Les conflits et les révélations s’additionnent sur le mode de la farce, jusqu’à l’explosion des cellules amicale et familiale.

À cela s’ajoute l’utilisation efficace de procédés comiques qui ont fait leurs preuves. Comme l’ironie dramatique crée par l’utilisation du baby phone par exemple, les deux persos racontant des horreurs sans savoir qu’on les écoute. L’unité d’action, les caractères et la mécanique conflictuelle sont bien posés, on est pris dans l’action. Aussi, beaucoup de dialogues sont très bien vus. Les remarques sarcastiques de la belle-mère sont très drôles. Ou certaines horreurs bien cyniques proférées par les deux amis. Tout cela dans une tonalité décomplexée qui provoque le rire.

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BIENVENUE AU GONDWANA
Scénario de MAMANE

SYNOPSIS :

Un jeune français idéaliste plongé en Afrique, des élections présidentielles controversées, un dictateur décidé à rester au pouvoir en trichant, deux hommes de main adeptes de géopolitique, un député français déterminé à vendre des asperges aux africains, une jeune et jolie révolutionnaire : Bienvenue au Gondwana !

L’AVIS DES LECTEURS

La lecture de ce scénario est très distrayante. Dans sa première partie, le scénario avance avec aisance. Le rythme est rapide, ce qui nous entraîne avec plaisir dans cette situation de poisson hors du bocal. Le contexte de cette histoire crée une sorte d’environnement, un décorum qui est une excellente source de conflits potentiels et qui comporte une bonne dose d’excitation, et de promesses : de l’exotisme, une belle militante, deux factotums envahissants, un dictateur, un jeune candide pour héros…

La satire du travail en métropole est très bien vue, on apprécie particulièrement les sous-intrigues de Delaville – les asperges et les élections locales – et de Julien qui se retrouve en compétition contre ses collègues pour un simple bureau… Ce regard satirique de l’auteur est doté d’une vraie justesse, c’est un des points forts du projet.

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SI J’ÉTAIS UN HOMME
Scénario de Audrey Dana, Maud Ameline et Murielle Magellan

SYNOPSIS :

Qui n’a jamais imaginé ce que ça ferait d’être dans la peau du sexe opposé, ne serait-ce qu’une journée ? Eh bien, pas Jeanne ! Fraichement divorcée, séparée de ses enfants une semaine sur deux, pour elle les mecs c’est fini, elle ne veut plus jamais en entendre parler. Mais un beau matin, sa vie s’apprête à prendre un drôle de tournant, à première vue rien n’a changé chez elle… à un détail près ! De situations cocasses en fous rires avec sa meilleure amie, de panique en remise en question avec son gynéco, notre héroïne, tentera tant bien que mal de traverser cette situation pour le moins… inédite.

L’AVIS DES LECTEURS

Si j’étais un homme est une comédie grand public qui aborde la thématique très actuelle du «genre» avec humour et originalité. Un peu à la manière de Dans la peau d’une blonde de Blake Edwards, le film s’amuse de son motif «fantastique» pour faire naître très simplement de nouvelles possibilités dans l’imaginaire du spectateur. La force du film sera donc le corps de l’actrice.

L’élément déclencheur arrive assez tôt dans le film ce qui permet de lancer le récit avec force et d’entrer rapidement dans la comédie (tout en ayant réussi à mettre le spectateur en empathie avec le personnage principal dans les premières minutes du film). La découverte de la «mutation» inopinée de Jeanne crée beaucoup d’attente et génère une sorte de fascination immédiate pour ce phallus.

En exacerbant le comique de situation et l’ironie dramatique, le récit amène le film vers une exaspération des stéréotypes qui s’avère efficace à certains endroits. Les personnages secondaires permettent d’approfondir la thématique principale. Quelle serait la sensation, pour une femme, de devenir pendant quelques jours un homme ? Serait-elle vue et considérée différemment? Deviendrait-elle plus puissante / forte / respectée? Il y a là un thème attractif, et peut-être une question / un fantasme fréquent chez la gente féminine (Jeanne, plus forte, remet en place un dragueur trop pressant, ou ses collègues de travail condescendants).

La progression du personnage donne lieu à des gags très drôles, notamment par du comique de situation très bien suggéré à l’écriture (mais aussi de l’humour trash et un peu potache dans la veine de Mary à tout prix ou Fou d’Irène).

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