Interview de Quentin Reynaud, auteur et réalisateur de “Cinquième Set” et lauréat des Coups de cœur de Lecteurs Anonymes !
Le 16 juin sort Cinquième Set de Quentin Reynaud. Ce projet, jadis intitulé Lucky Loser, était un des tout premiers lauréats des Coups de Cœur de Lecteurs Anonymes en 2017. C’est grâce à cette sélection que Quentin a rencontré son producteur Léonard Glowinski. Retour avec Quentin sur le développement de ce projet qui aura mis plus de huit ans à aboutir.
Propos recueillis par Liam Engle.
Quand j’avais lu ton scénario en 2013, il s’appelait “Thomas Edison” et faisait 88 pages. Est-ce que tu te souviens comment le projet était perçu par le marché ?
Il avait été plutôt bien reçu par la profession mais avec quand même un a priori négatif de par son statut de « film de sport » qui en France est un genre redouté et pas du tout apprécié ni par les producteurs ni par les distributeurs. Les gens étaient curieux mais je recevais des fins de non-recevoir parce que « trop compliqué », « pas en France »…
La version suivante du scénario en 2016 s’appelait “Lucky Loser” et faisait 116 pages. Est-ce que tu te souviens ce qui t’as poussé à réécrire et changer le titre ?
C’est un processus d’écriture classique. Le titre Thomas Edison était trop conceptuel par rapport à ce que ça voulait dire. Les titres évoluent. Moi je change très souvent de titre dans mes scénarii. Et très souvent un titre ça peut donner une nouvelle fraicheur. Après il faut pas en abuser. Parfois on a tendance à changer juste parce qu’on en a marre du titre même s’il est bon. Mais s’il y a une trop grande disparité entre deux versions, c’est bien de se faire un « from scratch » : « OK, faut que je remette les idées à plat ». Nouveau titre, nouvelle version, nouvelle V1, qui est une base et qui évolue. Le scénario peut prendre 10 pages ou en perdre 20. Bon, au moment de la production on devrait systématiquement en enlever 20, c’est une démarche itérative classique.
Tu te souviens de modifications que tu as faites dans la version “Lucky Loser” pour contrecarrer des arguments qu’on t’opposait sur la précédente version ?
Oh la la non, là pour le coup il y avait tellement de modifications qu’elles ne sont pas identifiables. C’était davantage moi : qu’est-ce que je voulais faire ? Réussir à identifier ce que l’on veut réellement. J’ai essayé de garder autant que possible la mainmise sur ce scénario. De ne faire que des modifications que si je les estime nécessaires et utiles au projet. Et si on m’orientait vers des endroits auxquels je ne croyais pas je n’y allais pas. Je refusais plutôt que de faire des choses que je n’assumais pas.
Quand on t’as sélectionné pour les Coups de Cœur en 2017 où en étais-tu avec le projet?
Ça faisait deux ou trois ans que j’avais enlevé le scénario du circuit ! Je savais que le script avait eu de bons retours donc j’étais confiant sur le fait qu’il se fasse un jour, mais j’étais pas prêt à abimer le projet, à le laisser trainer entre toutes les mains. J’ai bossé sur d’autres projets en parallèle tout en continuant de travailler par ci par là su ce scénario-là, mais sans pousser, en me disant que le moment viendrai. Et après c’est toi qui m’a recontacté en l’ayant lu en 2013 et en me demandant si je voulais le mettre dans la sélection des Lecteurs.
Comment ça s’est passé pour toi après les Coups de Cœur ? Est-ce que tu as fait des rencontres et sur quelle échelle de temps ?
Honnêtement c’est grâce aux Lecteurs que Léonard Glowinski m’a contacté. Et aujourd’hui c’est mon producteur et j’ai une très bonne relation avec lui. Sans vous jeter de fleurs, en analysant froidement, le film aurait peut-être été produit différemment, mais le contact entre le scénario et Léonard est venu par votre communiqué de sélection des Lecteurs.
Entre l’arrivée de Léonard en 2017 et le tournage, comment le scénario a-t-il évolué ?
C’est quasiment impossible de répondre car c’est un processus en continu même pendant le tournage et le montage. La direction générale c’était de renforcer les liens du personnage avec sa femme et avec sa mère. Les grandes lignes étaient moins orientées sur le tennis que sur sa famille.
Est-ce que la sortie du film sur Borg/McEnroe t’a aidé ?
Ni aidé, ni pas aidé. C’est un bon film mais très différent du mien. Eux c’est un biopic, et moi je traite d’un personnage de fiction avec une liberté totale de dramaturgie. On était très différents. Techniquement ça m’a permis de voir comment ils ont filmé mais pas plus que ça.
Tu es content du film fini ?
Je pense qu’il est compliqué pour un réalisateur de regarder son propre film. Le film est franc du collier, je l’aime beaucoup et les gens le voient bien, les retours sont positifs. Il existe, il est franc, il est droit, et il tortille pas des fesses on va dire.
Merci Quentin !
Merci à toi.