Reading Room saison 3 : l’intrigue s’épaissit
Pour la troisième année consécutive, un petit groupe au sein de Lecteurs Anonymes s’est réuni chaque mois pour discuter des projets de chacun lors de rencontres studieuses et conviviales. Plongée dans la troisième saison de la Reading Room des LA.
L’année passée, huit de nos membres méritants se sont réunis une matinée par mois pour vivre une expérience édifiante quoique terriblement subversive dont je me fais fort aujourd’hui de vous en faire le compte-rendu impeccable.
Envers et contre d’inénarrables obstacles, que ne renierait pas un showrunner chevronné, une année durant nous avons affronté l’asphyxie de nos emplois du temps, la langueur des matins gris ou encore Sœur Paresse, trop fidèle compagne de nos jours trop courts. Mais, spoiler alert, passées ces crises de fin d’acte 2, ces savoureuses nuits sombres de l’âme et tels des arches pas trop mal foutues, nous sommes tous sortis victorieux de la troisième édition de la Reading Room des Lecteurs Anonymes.
“La RR, qu’est-ce c’est, la RR ?”
Jean-Luc Bobard
Reading, à ne pas confondre avec la ville assez chouettos du Berkshire, vient de l’anglais to read, lire, au présent continu (radical + terminaison en ing) qui suggère une action en train de se dérouler. Room signifie chambre, ou salle ou place. Outre le fait que les français ont trois mots alors que les anglais en ont qu’un, prouvant irréfragablement la supériorité de notre langue sur la leur, le titre de Reading Room fût donné pour créer un subtil calembour, rapport aux fameuses Writing Rooms, espaces VIP et stylés dont se prévalent les auteurs anglo-saxons jamais à court d’idées pour inventer des trucs qui nous foutent la honte, nous avec notre exception culturelle, nos cafés Richard et nos vapoteuses d’écrivain du dimanche.
Et dans cette Reading Room, cette salle de lecture en somme, apôtres assis autour de nos scènes, nous nous sommes lus les uns les autres.
Chaque mois, l’un de nous envoyait le traitement d’un de ses scénarios en cours d’écriture. Quelques jours plus tard, nous nous retrouvions autour d’un café pour lui faire une consultation collective à 7 contre 1. Shots de retours, salve de critiques, questionnements et conseils fusaient. Et le fébrile auteur voyait impuissant la lente mais totale destruction de son oeuvre pourtant patiemment et laborieusement composée. Que c’était drôle. Heureusement, le mois suivant le sort tournait et l’ancienne victime tout juste rétablie faisait désormais partie de l’équipe des lecteurs, alors prompt à dégommer joyeusement le travail d’un de ses précédents oppresseurs. Tout le monde y passait, dans une ambiance triviale et rigolarde. On a les mises à mort qu’on peut.
Observez comme ces lectrices s’apprêtent à faire feu sur le candide auteur. Une éloquente illustration de cruauté saine et joyeuse s’il en est.
Paroles de Readers
Nous avions, il faut le dire, un panaché de projets fort originaux, fouillés et travaillés qui ont donné du grain à moudre à nos lecteurs et furent source de débats passionnants autour de genres très variés. Du drame, de la comédie romantique, du film noir. N’en jetez plus. Donnons la parole à quelques membres de la Reading Room, qu’ils témoignent eux-même de cette aventure unique.
Anna par exemple, a écrit :
“Cette année était ma première participation à la Reading Room et cette expérience a été très riche. Les retours sont variés et complémentaires, avec des conversations qui m’ont vraiment fait réfléchir à plusieurs aspects de mon projet, en plus d’être très plaisantes et vivantes ! J’ai ainsi pu avancer sur mon projet de long-métrage et développer un traitement plus abouti. De plus, mes camarades ont eu la gentillesse de bien vouloir le projet deux fois, une en début d’année et une en fin, ce qui m’a permis de mesurer les évolutions… et le chemin encore à parcourir.”
Vous noterez l’impayable sens de l’abnégation de la Reading Room qui a lu par deux fois le formidable projet d’Anna. La cohésion fraternelle de ses membres est, il faut bien le dire, légendaire.
Yasmine me fait part aussi de commentaires élogieux quant à l’expérience RR :
“J’ai suivi – et participé à – cette Reading Room avec énormément d’intérêt. J’ai trouvé passionnant (et encourageant) de n’entendre que des choses intelligentes autour d’une table (surtout quand je compare à certains jury dits « professionnels » où j’ai entendu de grosses âneries). Cela m’a confirmé que l’écoute active et la bienveillance (ce qui n’excluent jamais la critique constructive) sont les moteurs et les garants de l’avancée des projets.”
Et Yasmine ajoute dans un post-scriptum délirant :
“J’ai adoré ces moments passés avec vous…”
Les larmes me viennent, alors je passe tout de suite la parole à Olivier :
“La RR : parce qu’on réfléchit mieux à plusieurs. Parce qu’à plusieurs on se tient chaud l’hiver. Parce que Blanche-Neige a besoin des sept nains. Parce que les lecteurs amicaux sont comme des lucioles dans la nuit noire de l’âme. Parce que quand le doigt montre la lune, et que l’auteur regarde le doigt, il faut pouvoir lui dire : et si c’était la Lune qui montrait le doigt ? Parce que le Clan des Sept, et que les Six Compagnons.
Dans mon cas précis : La RR m’a montré des problèmes que je savais être là, mais dont je refusais d’admettre l’existence. Autrement dit la RR, c’est comme une thérapie, mais en plus court. Et en moins cher.”
Brillante litanie d’un non moins brillant auteur. La qualité de la Reading Room se mesure à la qualité de ses membres, à cet égard nous fûmes gâtés. Incontestablement.
Pour finir, quelques mots de Coralie qui lève la main. A toi Coralie :
“Ben moi en ce qui me concerne, je compte rajouter un truc absolument pas professionnel : cette reading room aura aussi permis de créer de belles amitiés !”
Voilà qui, en effet, outrepasse quelque peu le professionnalisme patent de notre collectif, mais n’a t-elle pas dit pour autant l’essentiel ? Merci Coralie !
A bientôt pour une saison 4 ? Que les Lecteurs Anonymes qui souhaitent en faire partie n’hésitent pas à se faire connaître.
Jean Chaffard-Luçon
Coordinateur de la Reading Room saison 3.
Membres : Héloïse Beillevaire, Sylvain Caron, Jean Chaffard-Luçon, Olivier Ciechelski, Yasmine Louati, Anna Marmiesse, Loïc Nicoloff, Coralie Le Van Van.